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L'Humanité survivra-t-elle à l'agriculture (et à la technologie) ? Et pourquoi la permaculture. (Version complète.)
Version 1.0 (2018-01-21)
L'Humanité survivra-t-elle à l'agriculture (et à la technologie) ?
Et pourquoi la permaculture.
À l'instar du docteur Michel Odent, qui pose une question essentielle dans son livre intitulé "L'Humanité survivra-t-elle à la médecine ?", nous nous interrogeons plus globalement sur l'anthropocène et posons la question :
l'Humanité survivra-t-elle à l'agriculture (et à la technologie) ?
"La forêt précède les peuples, le désert les suit" : comme nous l'avons maintes fois souligné, l'anthropocène apparaît aujourd’hui comme une fin annoncée des principaux systèmes vivants de la planète, et donc de notre propre espèce.
La raison ? L’agriculture (et son corollaire, la technologie).
Nous pensons en effet que le choix de société qui consiste à produire notre nourriture, notre énergie et nos matériaux au moyen de l'agriculture, choix qui prend son origine il y a plus de 10 000 ans, est la cause fondamentale des problèmes gigantesques que rencontrent l'Humanité et la planète aujourd'hui.
Entre autres conséquences catastrophiques, ce choix historique a très rapidement entraîné la déforestation massive de la planète, la création de déserts à des échelles continentales, le plus rapide épisode d'extinction massive des espèces vivantes de toute l'histoire de la Terre (biocide), la destruction de ses processus vitaux et de ses patterns fondamentaux (notamment de sa capacité d'autorégulation), et la destruction de la plupart de ses écosystèmes terrestres et aquatiques. Au point aujourd'hui de menacer la capacité de la Terre à rester en vie (géocide) - et donc sa capacité même à porter la vie.
L'agriculture comme moyen de production de la nourriture, des matériaux et de l'énergie a aussi très rapidement eu pour conséquences une extrême dégradation de l'harmonie du corps social et de la qualité de vie des personnes, depuis l'alimentation et la santé jusqu'à l'économie et la gouvernance :
- création systématique et exacerbée de pénurie et de rareté ;
- éclatement des moyens de production, et plus généralement des capacités des groupes et des personnes ;
- fragmentation extrême des psychés et des sociétés (petit nombre d'élites à l'immense pouvoir versus foule de néo-esclaves ; songeons que l'on doit investir en agriculture aujourd'hui jusqu'à 20 calories pour en produire 1, ce qui est impossible sans systèmes néo-esclavagistes) ;
- accaparement, par une minorité, du foncier (latifundisme) et plus généralement des moyens de production ;
- inégalités et concurrence structurelles à tous les niveaux ;
- violences et guerres systémiques, notamment pour l'accaparement des ressources énergétiques, minières, forestières, foncières, ... ;
- dépendance inouïe à des quantités faramineuses d'eau, de matériaux, de chimie et d'énergies non renouvelables et à très haut niveau technologique, non seulement extrêmement toxiques et dangereuses, mais en plus non maîtrisées au niveau des personnes et du groupe ;
- dépendance à des systèmes de production de la nourriture, des matériaux et de l'énergie intrinsèquement dégénératifs, toxiques et destructeurs, et de surcroît incroyablement peu productifs, non soutenables et non résilients ;
- lesquels accroissent toujours plus, et à l'échelle planétaire, le chaos climatique, la déforestation, l'érosion, la désertification et la destruction de la biodiversité et des écosystèmes,
- et créent toujours plus de salinisation et de perte des sols, ainsi que de sècheresses et d'inondations.
Tout cela a finalement pour résultat une dépendance toujours accrue à ces systèmes, alors même qu'ils maintiennent les personnes et le corps social dans l'insécurité quant à l'alimentation, la santé, l'accès à l'eau, aux matériaux et à l'énergie (tant dans les pays dits riches que dans les pays dits pauvres). Et plus généralement qu'ils nous maintiennent sous le joug d'une économie de la rareté, extrêmement inégalitaire et concurrentielle, et dans des formes de société intrinsèquement insécures et violentes.
"La forêt précède les peuples, le désert les suit", la phrase souligne aussi que l'agriculture et nos autres systèmes de production constituent le choix du minéral (ou choix du feu) contre le choix de la matière organique et de l'abondance des ressources (ou choix de la photosynthèse).
Comme on l'a dit, c'est aussi le choix de la dépense faramineuse d'une énergie extrêmement coûteuse et polluante, contre le choix de la récolte d'une énergie naturelle, spontanée, illimitée et gratuite, et le choix d’une société intrinsèquement esclavagiste, inégalitaire, coercitive, violente et insécure, contre le choix d'un monde pacifique et juste.
L'Humanité survivra-t-elle à l'agriculture (et à la technologie) ?
La question est donc de savoir si nous sortirons de l'anthropocène par l'extinction des plus grandes formes de vie (et de notre propre espèce), ou s'il existe une autre issue.
Dans cette situation, nous réaffirmons que "la différence entre la forêt et le désert, ce n’est pas l’eau, mais l'homme", et qu'il existe bien une autre issue que le désert et l'extinction. (À condition toutefois qu'on en fasse le choix, et c’est là justement que réside notre responsabilité aujourd’hui.)
En dernière analyse, il s'agit essentiellement de :
- reforester massivement notre planète (et "re-sylviliser" notre Humanité !) ;
- produire de manière soutenable de quoi répondre à nos besoins vitaux ;
- réorganiser le corps social de manière efficace et harmonieuse.
Pour ce faire, la permaculture propose la seule solution rapide et simple qui ait jamais fonctionné (valable aussi pour la ville) :
aux systèmes scandaleusement inefficaces désignés ci-avant, elle substitue des systèmes extrêmement performants basés sur des forces spontanées et gratuites - les processus régénératifs fondamentaux des systèmes naturels.
Ils permettent de produire l'eau, la nourriture, l'énergie, l'habitat, les matériaux, de gérer les déchets et d'organiser le corps social, de manière à la fois harmonieuse et hyper productive, soutenable, écologique et éthique, tout en reforestant massivement et en régénérant les écosystèmes et le climat.
La permaculture offre ainsi une issue enthousiasmante à l'Humanité, et un futur juste à la Terre.
CONCLUSION
Un monde au climat à nouveau auto-régulé.
Un monde vert - reforesté, diversifié et sain.
Un monde aux ressources abondantes et quasi gratuites.
Un monde en paix.
Un monde égalitaire.
Tel est le programme de la permaculture.
"Alors que les problèmes du monde deviennent de plus en plus compliqués, les solutions
demeurent honteusement simples." (Bill Mollison, co-fondateur de la permaculture)
Éric Escoffier, Sylvaine Anani
Permaculture sans frontières
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